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SAMEDI 12 AVRIL 2014

 

La Parole de Dieu me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j'écoute comme celui qui se laisse instruire. Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé" (Is 50 – Première lecture de la messe du Dimanche des Rameaux).

 

Pour vous aider à vivre la Semaine Sainte dans cette qualité d'écoute et d'accueil de la Parole de Dieu, il y a plusieurs propositions sur ce site : 

 

– la fin du livre du Prophète Amos (dans le cadre des parcours de lectio divina en lecture continue des textes biblique)

 

– Une lectio divina quotidienne de la Passion de Jésus en Mt 26-27. C'est le texte qui est lu à la messe de ce Dimanche des Rameaux et de la Passion.

 

– un choix de textes pour le triduum pascal, qui peut nourrir ceux qui souhaitent (et peuvent) prendre un temps prolongé de lectio divina durant ces jours saints.

 

– un chemin de Croix (à partir du témoignage de saint Paul).

 

Sainte lectio divina en la Grande Semaine de la célébration de notre Salut

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

VENDREDI 11 AVRIL 2014

 

Pour accompagner et nourrir notre méditation de la Parole de Dieu, en particulier la Résurrection de Lazare par Jésus (Jn 11), nous vous proposons le message que le Pape François avait donné dimanche au moment de l'Angelus

L’Évangile de ce cinquième dimanche de Carême, nous raconte la résurrection de Lazare. C’est le sommet des « signes » prodigieux accomplis par Jésus : c’est un geste trop grand, trop clairement divin pour être toléré par les grands prêtres, qui, ayant appris l’événement, ont pris la décision de tuer Jésus (cf. Jn 11, 53).

Lazare était déjà mort depuis trois jours quand Jésus est arrivé ; et à ses sœurs, Marthe et Marie, il a dit des paroles qui sont restées imprimées pour toujours dans la mémoire de la communauté chrétienne. Jésus dit ceci : « Je suis la résurrection et la vie, qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25). Sur cette parole du Seigneur, nous croyons que la vie de qui croit en Jésus et suit son commandement, sera, après la mort, transformée en une vie nouvelle, pleine et immortelle. Comme Jésus est ressuscité dans son corps, mais n’est pas revenu à une vie terrestre, ainsi nous ressusciterons avec nos corps qui seront transfigurés en corps glorieux. Il nous attend auprès du Père et la force de l’Esprit Saint, qui l’a ressuscité, ressuscitera aussi celui qui est en union avec lui.

Devant la tombe scellée de son ami Lazare, Jésus « s’est écrié d’une voix forte : “Lazare, viens dehors !”. Le mort sortit, debout, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d’un suaire » (vv. 43-44). Ce cri péremptoire s’adresse à tout homme, parce que nous sommes tous marqués par la mort, nous tous ; c’est la voix de celui qui est le maître de la vie et qui veut que tous « nous l’ayons en abondance » (Jn 10, 10). Le Christ ne se résigne pas aux tombeaux que nous nous sommes construits avec nos choix de mal et de mort, avec nos erreurs, avec nos péchés. Il ne se résigne pas à cela ! Il nous invite, il nous ordonne presque de sortir du tombeau où nos péchés nous ont ensevelis. Il nous appelle avec insistance à sortir des ténèbres de la prison dans laquelle nous nous sommes enfermés, en nous contentant d’une vie fausse, égoïste, médiocre. « Viens dehors ! » nous dit-il, « Viens dehors ! ». C’est une belle invitation à la véritable liberté, à nous laisser saisir par ces paroles que Jésus répète aujourd’hui à chacun de nous. Une invitation à nous laisser libérer des « bandelettes », des bandelettes de l’orgueil. Parce que l’orgueil nous rend esclaves, esclaves de nous- mêmes, esclaves de tant d’idoles, de tant de choses. Notre résurrection commence là : quand nous décidons d’obéir au commandement de Jésus en sortant à la lumière, à la vie ; quand les masques tombent de notre visage — si souvent, nous sommes masqués par le péché, les masques doivent tomber ! — et que nous retrouvons le courage de notre visage original, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Le geste de Dieu qui ressuscite Lazare montre jusqu’où peut arriver la force de la grâce de Dieu, et donc jusqu’où peut arriver notre conversion, notre changement. Mais écoutez bien : il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ! Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ! Rappelez-vous bien de cette phrase. Nous pouvons la dire tous ensemble : « Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ». Disons-le ensemble : « Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ». Le Seigneur est toujours prêt à soulever la pierre tombale de nos péchés qui nous sépare de lui, Lumière des vivants.

 

Sainte lectio divina, en ce Temps de la Passion

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

LUNDI 7 AVRIL 2014

 

Après l'Angelus de ce dimanche, le Pape François a offert un Evangile à tous ceux qui étaient sur la Place St-Pierre. Il a alors expliqué ce geste : 

 

Et maintenant je voudrais faire pour vous un geste simple. Les dimanches précédents, j’ai suggéré de se procurer un petit évangile, à porter sur soi pendant la journée, pour pouvoir le lire souvent. Et ensuite j’ai repensé à cette tradition ancienne de l’Eglise de remettre, pendant le carême, l’Evangile aux catéchumènes qui se préparent au baptême.

Alors aujourd’hui, je voudrais vous offrir, à vous qui êtes place Saint-Pierre – mais c’est un signe pour tous – un Evangile de poche. Il va vous être distribué gratuitement. Prenez-le, portez-le sur vous, et lisez-le tous les jours : c’est Jésus qui vous parle !

Et comme lui je vous dis : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! En échange de ce don, faites un acte de charité, un geste d’amour gratuit.

Aujourd’hui on peut lire l’Evangile aussi sur tant d’instruments technologiques. On peut porter avec soi la Bible entière sur un téléphone portable, une tablette. L’important, c’est de lire la Parole de Dieu, par tous les moyens, et de l’accueillir avec un cœur ouvert. Alors, la bonne semence porte du fruit ! (traduit par Zenit)

 

Sainte lectio divina

 

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

DIMANCHE 6 AVRIL 2014

 

Jésus lui dit : "Moi, je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?" (Jn 11,25)

 

Dans notre marche vers Pâques, en ce troisième dimanche des scrutins pour les catéchumènes, la liturgie de la messe nous offre le récit de la Résurrection de Lazare par Jésus, son ami (Jn 11). Avec ce dimanche commence également le Temps de la Passion, dont la signification et le salut qu'elle apporte sont résumés dans cet événement. Durant la semaine qui s'ouvre aujourd'hui, nous pouvons prendre du temps pour méditer ce texte biblique

 

Voici quelques réflexions pour accompagner la méditation de cette Parole de Dieu : 

 

Jésus et Lazare : de la mort à la vie (Jn 11, 1-45)
 
C'est l'ultime signe que fait Jésus avant de s'acheminer vers sa Pâque. Il est marqué par l'opposition la plus radicale: mort/vie. Le cheminement de foi que propose Jésus consiste en la conversion la plus profonde de nos mentalités: l'existence du croyant n'a plus désormais pour perspective la mort, mais la vie et la gloire de Dieu. Jésus, uni à son Père, s'est en effet manifesté comme le vainqueur du combat contre la mort.
 
Jésus et Marthe : de la foi pharisienne à la foi au Christ
 
Les bénéficiaires de ce signe en sont non seulement Lazare, mais également les autres membres de cette famille amie de Jésus que sont Marie et Marthe. C'est d'ailleurs cette dernière qui, au cœur du récit, s'entretient avec Jésus. Elle est invitée à passer de la croyance pharisienne en la résurrection "au dernier jour" à la proclamation de sa foi en Jésus Christ, Fils de Dieu, source de vie. Lazare sorti vivant de son tombeau sera le signe que Jésus, envoyé du Père, est lui-même, en sa personne, "la résurrection et la vie". Ce signe donné à tous fonde l'espérance des croyants. 
 
La prière de Jésus 
 
Benoit XVI a proposé une belle méditation sur cette prière de Jésus à son Père :  
Le moment de la prière explicite de Jésus au Père devant la tombe est le débouché naturel de toute l’histoire, qui se déroule sur ce double registre de l’amitié avec Lazare et de la relation filiale avec Dieu. Ici aussi, les deux relations vont de pair. «Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé» (Jn 11, 41): c’est une eucharistie. La phrase révèle que Jésus n’a pas cessé, même pour un instant, la prière demandant la vie pour Lazare. Cette prière continue, elle a même renforcé le lien avec son ami et, dans le même temps, elle a confirmé la décision de Jésus de rester en communion avec la volonté du Père, avec son plan d’amour, dans lequel la maladie et la mort de Lazare doivent être considérées comme un lieu dans lequel se manifeste la gloire de Dieu (Audience du 14 décembre 2011).
 
 
Sainte lectio divina en ce Temps du Carême et de la Passion
Christophe de DREUILLE
@lectiodivina13

VENDREDI 4 MARS 2014

 

Pour accompagner et nourrir notre méditation de la Parole de Dieu, en particulier la Guérison de l'Aveugle-né par Jésus (Jn 9), nous vous proposons le message que le Pape François avait donné dimanche au moment de l'Angelus

 

L’Évangile du jour nous présente l’épisode de l’homme aveugle de naissance, auquel Jésus donne la vue. Le long récit s’ouvre par un aveugle qui commence à voir et se conclut — cela est curieux — avec de présumés voyants qui continuent à rester aveugles dans l’âme. Le miracle est raconté par Jean en deux versets à peine, car l’évangéliste veut attirer l’attention non pas sur le miracle en soi, mais sur ce qui arrive ensuite, sur les discussions qu’il suscite; sur les médisances aussi : souvent, une bonne œuvre, une œuvre de charité suscite des médisances et des discussions, car certaines personnes ne veulent pas voir la vérité. L’évangéliste Jean veut attirer l’attention sur ce qui arrive aussi de nos jours lorsque l’on fait une bonne œuvre. L’aveugle guéri est d’abord interrogé par la foule étonnée — ils ont vu le miracle et l’interrogent — puis par les docteurs de la loi ; ces derniers interrogent aussi ses parents. À la fin, l’aveugle guéri parvient à la foi, et c’est la grâce la plus grande qui lui est faite par Jésus : non seulement de voir, mais de Le connaître, de Le voir comme « la lumière du monde » (Jn 9, 5).

Alors que l’aveugle s’approche petit à petit de la lumière, les docteurs de la loi au contraire s’enlisent toujours plus dans leur cécité intérieure. Enfermés dans leurs présomptions, ils croient avoir déjà la lumière ; à cause de cela, ils ne s’ouvrent pas à la vérité de Jésus. Ils font tout pour nier l’évidence. Ils mettent en doute l’identité de l’homme guéri ; puis ils nient l’action de Dieu dans la guérison, en prenant comme excuse que Dieu n’agit pas le samedi ; ils en arrivent même à douter que l’homme soit né aveugle. Leur fermeture à la lumière devient agressive et aboutit à l’expulsion du temple de l’homme guéri.

Le chemin de l’aveugle au contraire est un parcours à étapes, qui part de la connaissance du nom de Jésus. Il ne connaît rien d’autre de Lui; en effet, il dit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a enduit les yeux » (v. 11). Après les questions pressantes des docteurs de la loi, il le considère d’abord comme un prophète (v. 17), puis un homme proche de Dieu (v. 31). Après qu’il a été éloigné du temple, exclu de la société, Jésus le trouve de nouveau et lui « ouvre les yeux » pour la deuxième fois, en lui révélant son identité : « Je suis le Messie », lui dit-il. À ce moment-là, celui qui avait été aveugle s’exclame : « Je crois, Seigneur ! » (v. 38), et se prosterne devant Jésus. C’est un passage de l’Évangile qui montre le drame de la cécité intérieure de tant de personnes, y compris la nôtre, car parfois nous avons des moments de cécité intérieure.

Notre vie est parfois semblable à celle de l’aveugle qui s’est ouvert à la lumière, qui s’est ouvert à Dieu, qui s’est ouvert à sa grâce. Parfois malheureusement, elle est un peu comme celle des docteurs de la loi : du haut de notre orgueil, nous jugeons les autres, et même le Seigneur ! Aujourd’hui, nous sommes invités à nous ouvrir à la lumière du Christ pour porter du fruit dans notre vie, pour éliminer les comportements qui ne sont pas chrétiens ; nous sommes tous chrétiens, mais nous tous, tous, nous avons parfois des comportements non chrétiens, des comportements de péché. Nous devons nous en repentir, éliminer ces comportements pour marcher résolument sur la voie de la sainteté. Elle trouve son origine dans le baptême. Nous aussi, en effet, nous avons été « éclairés » par le Christ dans le baptême, afin que, comme nous le rappelle saint Paul, nous puissions nous comporter comme des « enfants de lumière » (Ep 5, 8), avec humilité, patience, miséricorde. Ces docteurs de la loi n’avaient ni humilité, ni patience, ni miséricorde !

Je vous suggère, aujourd’hui, quand vous rentrerez chez vous, de prendre l’Évangile de Jean et de lire ce passage du chapitre 9. Cela vous fera du bien, car vous verrez ainsi cette route de la cécité à la lumière et l’autre mauvaise route vers une cécité plus profonde. Demandons-nous comment est notre cœur ? Ai-je un cœur ouvert ou un cœur fermé ? Ouvert ou fermé à Dieu ? Ouvert ou fermé à mon prochain ? Nous avons toujours en nous quelque fermeture née du péché, des fautes, des erreurs. Nous ne devons pas avoir peur! Ouvrons-nous à la lumière du Seigneur, Il nous attend toujours pour nous aider à mieux voir, pour nous donner plus de lumière, pour nous pardonner. N’oublions pas cela ! Confions le chemin du Carême à la Vierge Marie, afin que nous aussi, comme l’aveugle guéri, avec la grâce du Christ, nous puissions « venir à la lumière », aller plus avant vers la lumière et renaître à une vie nouvelle.

 

Sainte lectio divina

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

DIMANCHE 30 MARS 2014

 

Au terme de l'Angelus de ce dimanche, le Pape François a invité les chrétiens à poursuivre chez eux la méditation de l'Evangile de la messe de ce jour (la Guérison de l'Aveugle-né – Jn 9)

 

N’oubliez pas aujourd’hui : à la maison, prendre l’Evangile de Jean, chapitre 9, et lire cette histoire de l’aveugle qui est devenu voyant et des présumés voyants qui se sont enfoncés encore plus dans leur cécité.

 

C'est un bel encouragement à prolonger toute cette semaine la lecture et la méditation de Jn 9.

 

Sainte lectio divina

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

DIMANCHE 30 MARS 2014

 

Jadis vous étiez ténèbres, maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Vivez en enfants de lumière (Ep 5)

 

Dans notre marche vers Pâques, en ce deuxième dimanche des scrutins pour les catéchumènes, la liturgie de la messe nous offre le récit de la Guérison de l'Aveugle-né (Jn 9). Durant la semaine qui s'ouvre aujourd'hui, nous pouvons prendre du temps pour méditer ce texte biblique

 

Voici quelques réflexions pour accompagner la méditation de cette Parole de Dieu : 

 

Trois rencontres décisives

 

La liturgie dominicale offre un parcours jalonné de trois grands récits empruntés à l'Evangile selon saint Jean qui accompagnent l'ultime préparation des catéchumènes (Rencontre avec la Samaritaine, Guérison de l'Aveugle-né, Resurrection de Lazare). Ces textes déploient quelques grands thèmes baptismaux : respectivement, l'eau vive en Jn 4, la lumière en Jn 9, la résurrection et la vie en Jn 11. Mais la valeur baptismale de ces textes tient également à la dynamique de ces rencontres elles-mêmes. Au début de ces récits, nous nous trouvons face à une situation négative et figée, à vue : l'opposition entre juifs et samaritains; un aveugle de naissance; un mort. Cette situation nécessite alors l'initiative de Jésus lui-même qui veut donner ce que l'on ne pense même pas à demander, ce que Dieu seul peut offrir. Jésus se manifeste comme source de vie. Chacune de ces rencontres est l'occasion pour Jésus de proposer un parcours de foi qui transforme profondément ses interlocuteurs. Ceux qui sont ainsi transformés vont témoigner : la Samaritaine devient la première missionnaire, l'aveugle-né guéri devient disciple et tient tête aux autorités juives, Lazare ressuscité devient un signe de contradiction. Enfin Jésus accomplit les Écritures. Ce qui était annoncé par les prophètes pour plus tard, il le réalise maintenant en sa personne.

 

Jésus et l'aveugle-né : de la guérison à l'illumination (Jn 9, 1-41)

 

La piscine de Siloé qui est alimentée par la seule source de Jérusalem est le point de départ des processions qui durant la fête des Tentes portaient l'eau jusqu'au Temple (cf. Jn 7, 37-39). Par le geste évocateur de l'action créatrice de Dieu, et par la référence à cette piscine, Jésus se manifeste comme la source d'un don qui va conduire l'aveugle à une double "illumination" : guéri de sa cécité il peut dire "je suis" (cf. Jn 9, 9); puis rencontré par le Christ qu'il voit enfin, il professe : "je crois Seigneur" (Jn 9, 38). Le parcours de l'aveugle guéri est rapporté en une série de paradoxes qui orientent le récit vers une vision dépassant celle des sens pour aboutir à l'acte de foi du disciple. Au point de départ, l'aveugle-né est considéré par ses contemporains comme un pécheur; il le demeure aux yeux des pharisiens qui l'interrogent. Il arrive cependant à leur tenir tête, dévoilant avant même que Jésus le fasse lui-même leurs contradictions et leur péché. À la fin du récit, s'il est devenu voyant, et surtout croyant, ce sont les pharisiens qui sont convaincus d'aveuglement. Les liens de ce chapitre avec l'entretien de Jésus avec Nicodème (Jn 3, 1-21) et le titre d'illumination donné anciennement au baptême soulignent la dimension baptismale de ce parcours. 

 

Sainte lectio divina en ce Temps du Carême

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

VENDREDI 28 MARS 2014

 

Pour accompagner et nourrir notre méditation de la Parole de Dieu, en particulier la Rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4), nous vous proposons le message que le Pape François avait donné dimanche au moment de l'Angelus

 

L’Évangile d’aujourd’hui nous présente la rencontre de Jésus avec la femme samaritaine, qui a eu lieu à Sichar, près d’un puits ancien où la femme se rendait tous les jours pour puiser de l’eau. Ce jour-là, elle y trouva Jésus, assis « fatigué par la marche » (Jn 4, 6). Il lui dit immédiatement : « Donne-moi à boire » (v. 7). De cette manière, il surmonte les barrières d’hostilité qui existaient entre juifs et samaritains et il rompt les schémas du préjugé à l’égard des femmes. La simple demande de Jésus est le début d’un dialogue franc, grâce auquel, avec une grande délicatesse, il entre dans le monde intérieur d’une personne à laquelle, selon les conventions sociales, il n’aurait pas même dû adresser la parole. Mais Jésus le fait ! Jésus n’a pas peur. Lorsqu’il voit une personne, Jésus s’approche parce qu’il aime. Il nous aime tous. Face à une personne, il ne s’arrête jamais en raison de préjugés. Jésus la place devant sa situation, sans la juger, mais en lui faisant sentir qu’elle est considérée, reconnue, et en suscitant ainsi en elle le désir d’aller au-delà de la routine quotidienne.

La soif de Jésus n’était pas tant une soif d’eau mais une soif de rencontrer une âme devenue aride. Jésus avait besoin de rencontrer la Samaritaine pour ouvrir son cœur : il lui demande à boire pour mettre en évidence la soif qu’il y avait en elle. La femme est touchée par cette rencontre : elle pose à Jésus ces questions profondes que nous avons tous en nous, mais que nous ignorons souvent. Nous aussi, nous avons beaucoup de questions à poser, mais nous ne trouvons pas le courage de les poser à Jésus ! Le Carême, chers frères et sœurs, est un temps favorable pour regarder en nous, pour faire apparaître nos besoins spirituels les plus vrais, et demander l’aide du Seigneur dans la prière. L’exemple de la Samaritaine nous invite à nous exprimer ainsi : « Jésus, donne-moi cette eau qui étanchera ma soif pour l’éternité ».

L’Évangile dit que les disciples furent stupéfaits de voir leur Maître parler à cette femme. Mais le Seigneur est plus grand que les préjugés, c’est pourquoi il n’a pas eu peur de s’arrêter avec la Samaritaine : la miséricorde est plus grande que le préjugé. Cela nous devons bien le comprendre ! La miséricorde est plus grande que le préjugé, et Jésus est tellement miséricordieux, tellement ! Le résultat de cette rencontre près du puits fut que la femme a été transformée : « elle laissa là sa cruche » (v. 28), avec laquelle elle venait prendre l’eau, et elle courut dans la ville pour raconter son expérience extraordinaire. « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? ». Elle était enthousiaste. Elle était allée prendre l’eau du puits, et elle a trouvé l’autre eau, l’eau vive de la miséricorde qui jaillit pour la vie éternelle. Elle a trouvé l’eau qu’elle cherchait depuis toujours ! Elle a couru au village, ce village qui la jugeait, la condamnait et la refusait, et elle a annoncé qu’elle avait rencontré le Messie ; quelqu’un qui a changé sa vie. Car chaque rencontre avec Jésus change notre vie, toujours. C’est un pas en avant, un pas qui rapproche de Dieu. Et ainsi, chaque rencontre avec Jésus change notre vie. Toujours, il en est toujours ainsi.

Dans cet Évangile, nous trouvons nous aussi un stimulant pour « laisser notre cruche », symbole de tout ce qui est apparemment important, mais qui perd sa valeur face à « l’amour de Dieu ». Nous en avons tous une, ou plus d’une ! Je vous le demande, à vous et à moi : « Quelle est ta cruche intérieure, celle qui te pèse, celle qui t’éloigne de Dieu ? ». Mettons-la un peu de côté, et avec notre cœur entendons, dans notre cœur, la voix de Jésus qui nous offre une eau différente, une autre eau qui nous rapproche du Seigneur. Nous sommes appelés à redécouvrir l’importance et le sens de notre vie chrétienne, qui a commencé par le baptême et, comme la Samaritaine, à témoigner devant nos frères. De quoi ? De la joie ! Témoigner de la joie de la rencontre avec Jésus, parce que j’ai dit que toute rencontre avec Jésus nous change la vie, et aussi que toute rencontre avec Jésus nous remplit de joie, de cette joie qui vient de l’intérieur. Et le Seigneur est ainsi. Et raconter combien de choses mystérieuses le Seigneur sait faire dans notre cœur, quand nous avons le courage de laisser de côté notre cruche.

 

Sainte lectio divina

Christophe de DREUILLE

@lectiodivina13

Ces extraits d'homélie du Pape François correspondent très bien à la lectio divina en Am 1-2 : 

« Voilà la malédiction la plus forte pour qui met sa confiance en lui-même ou dans ses propres forces, dans les possibilités des hommes et non de Dieu : perdre son nom. - Comment t’appelles-tu? - Tel numéro de compte, dans telle banque. - Comment t’appelles-tu? -Beaucoup de propriétés, de villas, beaucoup ... - Comment t’appelles-tu? - Les choses que nous avons, les idoles. Et tu places ta confiance là-dedans... cet homme est malheureux. »

Le pape fait observer : « Nous avons tous cette faiblesse, cette fragilité de mettre nos espérances en nous-mêmes ou dans nos amis ou seulement dans les possibilités humaines et nous oublions le Seigneur. Et cela nous conduit sur la route du malheur. »

Il propose cet examen de conscience: « Aujourd'hui, en ce jour du carême, cela nous fera du bien de nous demander : où est ma confiance ? Dans le Seigneur ou suis-je un païen, qui a confiance dans les choses, dans les idoles que j'ai faites ? J’ai encore un nom, mais j’ai commencé à perdre mon nom et je m’appelle «je» ? Je, moi, avec moi, pour moi, seulement moi ? Pour moi, pour moi ... cet égoïsme toujours : "Je". Cela ne nous donne pas le salut. »

Pourtant le pape indique une « porte d’espérance » pour ceux qui ont eu confiance en eux-mêmes et qui ont perdu leur nom, une grâce à demander : « A la fin, tout à la fin, il y a toujours une possibilité. Et cet homme, quand il se rend compte qu'il a perdu son nom, qu’il a tout perdu, tout, il relève la tête et dit un seul mot : «Père». Et la réponse de Dieu est un seul mot : «Fils ! » Si certains d'entre nous, à force d’avoir tellement confiance en l'homme et en eux-mêmes, ont fini par perdre leur nom, perdre cette dignité, il y a encore la possibilité de dire ce mot qui est plus que magique, qui est davantage, plus fort : «Père». Lui, il nous attend toujours pour ouvrir une porte que nous ne voyons pas et nous dire : « Fils ». Demandons au Seigneur la grâce de nous donner la sagesse d’avoir confiance en Lui seul, pas dans les choses, les forces humaines, seulement en Lui. »

DIMANCHE 23 MARS 2014

 

"Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : "Donne-moi à boire", c'est toi qui lui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive" (Jn 4,10)

 

Dans notre marche vers Pâques, en l'un de ces dimanches des scrutins pour les catéchumènes, la liturgie de la messe nous offre le récit de la Rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Durant la semaine qui s'ouvre, nous pouvons prendre du temps pour méditer ce grand texte biblique.

 

Quelques réflexions pourront accompagner la méditation de ce texte de la Parole de Dieu : 

 

Une rencontre qui n’aurait jamais du avoir lieu
 
Ce récit, si soigneusement composé, commence par une remarque dont il est important de saisir toute l’étrangeté : « il lui fallait traverser la Samarie ». Comme le précisera le narrateur au v. 9, Juifs et Samaritains, bien qu’originaires du même peuple, avaient rompu toutes relations au point que la fréquentation des samaritains était assimilée à celle des païens et rendait les juifs impurs. Les origines de cette situation remontent au schisme de 931 av. JC et à la création du Royaume du Nord. Lorsque les Assyriens s’empareront de ce royaume en 721, ils déporteront une partie de sa population et installeront d’autres peuples qui viendront avec leurs divinités, ce qui favorisera le syncrétisme. Après l’Exil du VIe siècle, et malgré les oracles d’Ezéchiel (cf. Ez 37), la réunification ne fut pas possible ; les samaritains se firent un temple, concurrent de celui de Jérusalem, sur le Mont Garizim. Il fut détruit par les juifs au IIe siècle av. JC. Aussi les juifs qui devaient traverser la Palestine prenaient-ils grand soin de contourner la Samarie. Le « il faut » ne renvoie donc pas à un souci d’itinéraire, mais bien à une nécessité intérieure et supérieure : Jésus veut passer par la Samarie, pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Cette première remarque déconcertante que le narrateur place habilement au début de son récit a une fonction précise : elle prépare le lecteur à être en empathie avec la femme de Samarie, à partager son étonnement, voire plus, devant le comportement et le discours de Jésus, tout au long de la rencontre. Même si nous n’apprendrons que plus tard dans le récit la situation de cette femme de mauvaise vie, le fait qu’elle vienne puiser l’eau à midi, et non pas le matin, dit suffisamment qu’elle se trouve en marge de la société, qu’elle fuit la rencontre et n’a qu’un souhait : qu’il n’y ait personne au bord du puits. Quel contraste avec la fin du récit, où cette même femme, oubliant jusqu’à son projet initial (elle oublie sa cruche, elle n’en a plus besoin, elle est devenue bien plus qu’une cruche), se hâte à la rencontre de ceux dont elle fuyait le contact pour se faire auprès d’eux la première missionnaire de l’Evangile ! Cette femme revient à la vie et à une vie nouvelle. Ce que Jésus vient de lui annoncer se réalise déjà : elle a reçu le don de l’eau vive et elle est devenue elle-même, pour les habitants de sa ville, source d’eau vive.
 
Le dialogue est rétabli
 
Que s’est-il donc passé qui a provoqué un tel bouleversement dans le cœur de cette femme ? Il y a eu une rencontre qui, pour saint Jean, est emblématique de celle que Dieu propose à tout homme enfermé dans sa situation de pécheur. Dans le dialogue que Jésus instaure avec la Samaritaine se trouve exprimée toute la pédagogie divine mise en œuvre par Dieu depuis qu’Adam s’était caché de lui car il avait honte : « Adam, où es-tu ? » (Gn 3). Jésus permet petit à petit à cette femme d'exprimer ses véritables questions et de formuler les blessures de sa vie. Aux questions de la Samaritaine, Jésus répond toujours à un autre niveau pour ne pas clore le dialogue mais au contraire l'ouvrir sur une perspective nouvelle. Il permet à la femme de faire elle-même le chemin qu'il lui entrouvre.
 
Si tu savais le don de Dieu
 
Le puits, dans la Bible, est le lieu symbolique de la vie, de la rencontre et même de la rencontre amoureuse. Jésus, en offrant à cette femme une eau d’une qualité tout autre, l’ouvre à une vie, à une relation et à une alliance radicalement nouvelles, au point que ce qui faisait jusque-là sa honte devient le support même de son témoignage (plus tard, saint Paul réagira de la même manière, lui, le persécuteur devenu apôtre).
 
Quelques temps après cette rencontre, Jésus, au Temple, proclamera : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi!" selon le mot de l'Ecriture: De son sein couleront des fleuves d'eau vive » (Jn 7,37-38). Enfin, sur la croix, juste avant de mourir, Jésus, dit : J'ai soif (Jn 19,28). Par la mention de ces simples mots, l’évangéliste permet de comprendre que le dialogue inauguré avec la Samaritaine s’étend désormais à tous les hommes pour qui Jésus donne sa vie et à qui il offre ainsi la vie éternelle. Le coup de lance frappant le corps mort du Christ en croix laissera jaillir, témoigne le disciple, du sang et de l’eau. La source, annoncée jadis par Ezéchiel et révélée à la femme de Samarie, vient de sourdre pour tout homme.
 
 
Sainte lectio divina en ce Temps du Carême
Christophe de DREUILLE
@lectiodivina13