Nous prions avec le livre du prophète Jérémie : 
 
du 18 au 24 mars : semaine 6 
 
du 25 au 31 mars : semaine 7
 
 
 
Durant l'Octave de Pâques, nous prions avec l'Evangile selon Saint Marc Paques 2018
 

LUNDI 27 FÉVRIER 2012

 

Le Seigneur votre Dieu qui marche à votre tête combattra pour vous, tout comme vous l'avez vu faire en Egypte. Tu l'as vu aussi au désert : le Seigneur ton Dieu te soutenait comme un homme soutient son fils, tout au long de la route que vous avez suivie jusqu'ici (Dt 1,30-31).

 

Le Seigneur vous précédait sur la route pour vous chercher un lieu de campement, dans le feu pendant la nuit pour éclairer votre route, et dans la nuée pendant le jour (Dt 1,33).

 

Nous avons commencé ce dimanche la deuxième étape de notre parcours de lectio divina dans les premiers chapitres du Deutéronome. Désormais, pour chaque journée, le texte biblique est accompagné soit par un autre texte de l'Ecriture (pour déployer la "symphonie de la Parole de Dieu"), soit par un commentaire de la Tradition chrétienne (pour appuyer notre propre méditation sur celle des différentes générations de chrétiens qui ont prié ces textes).

Dans cette étape de notre parcours tout est fait pour accompagner la méditation de la Parole de Dieu. Nous vous proposons quelques remarques sur cet 'échelon' de la pédagogie de la lectio divina : 

 

1 – Cette méditation peut s'appuyer soit sur ce que vous aviez découvert, il y a quelques jours, lors de la première lecture de ce passage biblique (et qui aura peut-être été noté), soit sur ce qui a retenu votre attention en relisant pour la deuxième ou la troisième fois le même texte. La méditation trouve en effet sa source dans cette lecture attentive de la Parole de Dieu qui constitue le premier 'échelon' de la pédagogie de la lectio divina. 

 

2. Cette méditation peut se développer en deux temps :

  • – Tout d'abord, méditer sur ce que Dieu révèle de lui-même dans ce texte. Si le texte biblique est une Parole de Dieu, cela signifie que Dieu livre son coeur dans cette parole offerte. Il nous dit qui il est, comment il se rend présent, comment il agit au bénéfice des hommes, quelle est la qualité de relation qu'il veut entretenir avec son peuple... A ce point de la méditation, nous pouvons alors voir comment ce qui est annoncé et révélé dans ces textes s'accomplit dans la personne de Jésus Christ, Parole du Père en plénitude, et dans son oeuvre de salut. 
  • – Dans un second temps, la méditation nous permet de voir comment cette Parole de Dieu s'actualise dans la vie des croyants, dans notre existence. C'est-à-dire que nous pouvons nous demander comment cette Parole de Dieu produit du fruit en notre coeur, dans notre vie, dans nos choix, comment cette Parole nous fait progresser, encourage notre conversion.

 

3. Ensuite, appuyés sur les fruits de cette méditation, nous pourrons arriver à notre prière de réponse. Il s'agit de la troisième étape de la pédagogie de la Lectio Divina. Cette prière de réponse peut prendre la forme suivante : « Seigneur, toi qui as manifesté ta présence auprès de ton peuple dans sa marche désert, apprends-moi à découvrir comment tu es présent également dans mon existence» ; ou encore : « Seigneur toi qui as guidé ton peuple au désert dans sa marche, guide moi sur ma propre route, éclaire le choix que j'ai à faire, révèle-toi comme celui qui est pour moi aujourd'hui le chemin la vérité et la vie ».

 

4. Enfin, le quatrième 'échelon', celui de la contemplation, peut alors découler de ces 'échelons' précédents que sont la méditation et la prière. Sous la lumière de l'Esprit Saint, nous pouvons alors goûter la présence du Seigneur auprès de nous, en nous, nous laisser toucher intérieurement par cette présence, pour en vivre et mettre en oeuvre cette Parole de Celui qui est présent "tous les jours jusqu'à la fin des temps". 

 


 

Le livre du Deutéronome mérite bien quelques réflexions pour accompagner l'accueil priant de cette Parole de Dieu. Nous vous proposons donc, "en vrac" quelques réflexions sur le chapitre 1 de ce livre biblique :

 

– Ce chapitre évoque un certain nombre de noms de lieux ou de peuples qui ne vous disent peut-être pas grand chose. Comment les accueillir dans la méditation? Ils signifient que le Seigneur s'est manifesté à son peuple dans une histoire précise et concrète, dans un contexte particulier. Ces lieux font partie de la mémoire que le peuple fait de cette présence active du Seigneur dans son histoire. C'est peut-être une invitation à faire nous-mêmes mémoire des circonstances précises dans lesquelles nous avons fait également l'expérience de cette Présence active du Seigneur. Quant aux royaumes cités, ils constituent les menaces qui pesaient sur l'existence du peuple. Or c'est le Seigneur lui-même qui a remporté la victoire sur ces puissants royaumes ou sur ces tribus menaçantes. Les Pères de l'Eglise nous ont bien montré comment ces puissances hostiles peuvent représenter pour nous ces forces mauvaises qui sont nos véritables adversaires et qui peuvent menacer nos coeurs (cf. par exemple le texte de saint Augustin proposé pour le mercredi des Cendres). Le texte de Dt 1,29-30 prend alors un relief particulier : "ne tremblez pas, n'ayez pas peur d'eux". Comment ne pas penser à la parole du Christ : "n'ayez pas peur!".

 

Certains lieux ont une valeur particulière : c'est le cas de l'Egypte, de l'Horeb, de la Terre Promise. L'Egypte représente le lieu de servitude d'où le Seigneur a sauvé son peuple. L'Horeb est l'autre nom dans la tradition biblique du Sinaï; il évoque la montagne où le Seigneur s'est révélé à son peuple pour établir avec ce peuple la qualité particulière de relation qu'est l'alliance. C'est là que le Seigneur a donné sa Parole à son peuple. Le Seigneur n'a donc pas seulement sauvé son peuple de la servitude, mais il a surtout voulu que ce peuple vive désormais, et tout au long de son histoire, de son amour. La sortie d'Egypte et l'alliance au Sinaï ne sont que les commencements de ce peuple; ils sont orientés vers un but : l'entrée et l'établissement en Terre Promise, ce lieu qui symbolise le repos du croyant comblé par la présence du Seigneur dans sa vie et recevant du Seigneur tous les dons qu'il lui offre. 

 

– Le Deutéronome accorde une grande importance à la route, et à la marche du peuple traversant le désert vers la Terre Promise. Ce déplacement physique du peuple peut être médité comme les éléments clefs du cheminement intérieur du croyant. Le texte de Dt 1,30-33 prend alors un relief particulier. Le Seigneur guide les croyants comme le Bon Pasteur qui marche en tête de son troupeau pour lui indiquer la route sûre; Le Seigneur guide son peuple aussi bien dans la nuit de l'épreuve que dans la lumière des moments plus heureux. 

 

– Dans ces chapitres du Deutéronome nous sont présentés deux expériences complémentaires de la présence du Seigneur dans nos vies : la marche et le repos. La marche qui permet, appuyé sur la Parole reçue (symbolisée par l'expérience du Sinaï, de l'Horeb), d'avancer dans une découverte toujours plus grande du Seigneur, de ce qu'il révèle. Le repos qui permet de faire l'expérience de la communion avec le Seigneur, en étant établis en sa présence dans l'action de grâce pour tous les dons reçus (repos symbolisé donc par la Terre Promise). Or cette double expérience est bien celle qu'ont vécue les disciples d'Emmaüs : leur coeur était brûlant sur la route quand le Christ cheminait avec eux leur expliquant les Ecritures ; le Christ s'était enfin révélé à eux dans la maison, lieu du repos, au moment de la fraction du pain. Parole de Dieu et Eucharistie nosu offrent donc la plus grande expérience de cette présence divine (cf. Lc 24).

 

– En Dt 1,33, le 'feu' et la 'nuée' expriment tout à la fois la manifestation de la présence du Seigneur et sa transcendance. Il est toujours et en même temps le tout proche et le tout autre. 

 

– Dès les premiers versets du Deutéronome, l'institution des Juges, souligne l'importance de l'organisation des hébreu en un peuple. C'est donc bien avec un peuple que le Seigneur fait alliance. Cela nous permet de méditer sur la dimension communautaire de notre vie chrétienne. Il y a bien une relation personnelle du Christ avec chacun, mais il ne faudrait pas tomber dans une forme d'individualisme. La dimension communautaire est donc nécessairement complémentaire de la dimension personnelle. 

 

– Ces juges sont invités à gouverner le peuple avec justice à la manière dont le Seigneur considère chacun : sans faire acception de personne (cf. Dt 1,17). Cette formule se retrouve tout au long de l'Ecriture, AT et NT, pour signifier que le Seigneur ne juge pas sur l'apparence, mais connaît les coeurs (cf. par exemple : Ac 10,34 ; Ga 2,6; Col 3,25; Ep 6,9; Rm 2,10-11; 1 P 1,17; renvoyant à Dt 10,17-18; 1 Sm 16,7; 2 Chr 19,7; Ac 15,8...).

 

Sainte lectio divina.

Christophe de DREUILLE