DIMANCHE 27 NOVEMBRE 2011
Ah! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais! (Is 63,19 – 1ère lecture de la messe de ce dimanche)
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veilez! (Mc 13,37 – Evangile de la messe de ce dimanche)
Le Jour du Seigneur est proche ! (So 1,7 – lectio divina de ce jour)
Puisque nous entrons aujourd'hui, avec le Temps de l'Avent, dans une nouvelle année liturgique, nous pouvons mettre à profit ce temps de commencement pour nous interroger sur notre accueil quotidien de la Parole de Dieu, pour en approfondir la pédagogie divine, pour renouveler notre pratique de la lectio divina et peut-être pour reprendre avec persévérance le rythme quotidien de cette prière :
Durant cette nouvelle année, comment la Parole de Dieu nous nourrira-t-elle ?
Comment la Parole de Dieu renouvellera notre coeur, nous fera grandir dans cette intimité avec le Christ, Verbe du Père?
Comment par sa Parole, le Christ nous fera cheminer jour après jour, comment il cheminera avec nous, comme il l'avait fait pour les disciples d'Emmaüs, comment il se fera lui-même pour nous le chemin qui nous conduit jusqu'à la pleine communion d'amour avec le Père?
Je demande à l'Esprit Saint de vous guider et de vous donner la grâce de la fidélité, pour que grandisse votre foi, votre confiance en ce Père qui en son Fils s'est approché de nous, pour que se déploie votre espérance en ce Dieu d'amour qui veut nous conduire à la plénitude de la vie.
Lectio divina de ce Temps de l'Avent : le livre du prophète Sophonie
Le Temps de l'Avent est destiné à faire grandir en nos coeurs le désir de la venue du Christ. C'est pourquoi la liturgie accorde une si grande place, durant ces quatre semaines, aux textes des prophètes. Ceux-ci ont porté l'espérance d'Israël dans le Messie Sauveur, ils ont été envoyés pour préparer le coeur du peuple et pour que grandisse dans les coeurs le désir de la venue du Sauveur, de la venue du Seigneur lui-même portant avec lui le salut. La vigilance dont parle Jésus dans l'Evangile de ce premier dimanche de l'Avent est de cet ordre. Or, pour que notre désir de la venue du Seigneur grandisse en nous, il faut d'abord libérer nos coeurs de tout ce qui l'encombre, de tout ce qui l'entrave, de tout ce qui l'alourdit. C'est pourquoi le Temps de l'Avent qui veut nous ouvrir progressivement à la joie du Salut commence par nous inviter à la conversion.
Tel est bien le message du Livre prophétique que nous vous proposons en ce Temps de l'Avent : Le Livre de Sophonie. Il fait partie de cet ensemble de textes prophétiques de l'Ancien Testament que l'on appelle les "12 petits prophètes".
Avant de laisser éclater la perspective de la joie du Salut, le prophète commence son livre par une série impressionnante d'oracles de jugement. Certaines des formules, et la tonalité même de ces oracles, peuvent nous déconcerter. Aussi, pour ne pas faire de contresens et pour entrer dans l'intelligence spirituelle du message du prophète, il est important de rappeler quelques principes, quelques clefs, qui commandent la bonne interprétation de cette prédication prophétique :
– Tout d'abord, aucun oracle de la Bible n'est donné pour nous condamner. Ils sont au contraire destinés à la conversion. Plus l'oracle de jugement est rude, violent, plus la conversion est urgente. C'est ainsi qu'il faut comprendre tous les oracles de jugement, que l'on appelle parfois "oracles de condamnation". Cette clef de lecture est si importante qu'elle est développée dans le petit livre prophétique de Jonas. En Jérémie, nous trouvons une semblable indication, exprimant le désir du coeur de Dieu quand il envoie le prophète parler sévèrement à son peuple pécheur : "peut-être écouteront-ils et se détourenront-ils chacun de sa voie perverse" (Jr 26,3). Accueillons donc les oracles de jugement comme ces invitations très vives à la conversion, invitation à nous convertir aujourd'hui.
– D'autre part, ne perdons pas de vue que chaque passage de la Bible fait partie d'oeuvres entières, de livres qui ont leur cohérence du début jusqu'à la fin. Aussi est-il important de toujours lire un passage à l'intérieur d'un projet global qui est déployé sur plusieurs chapitres. C'est pourquoi, nous devons lire en lecture continue la totalité d'un livre, ou au moins d'une grande section du livre, pour pouvoir situer de manière juste le passage dans l'ensemble du projet divin développé. Dans le cadre de la lectio divina quotidienne, c'est l'une des raisons de cette première lecture de l'ensemble du livre de Sophonie, avant d'avancer davantage dans la méditation de chacun des passages. Ainsi, ce livre s'ouvre par des oracles de jugement sévères qui préparent le peuple à l'accueil de la joie du Salut. Le message de conversion est aussi radical en début de livre, que sera pénière la joie que le prophète annoncera ensuite.
– Comment alors recevoir avec profit les durs oracles de jugement du début du livre de Sophonie.?En comprenant que, ce que le Seigneur veut détruire, ce ne sont pas les hommes, mais le péché qui asservit l'homme. C'est le mal au coeur de l'homme qu'il veut anéantir, dont il veut nous libérer, dont il veut que nous désolidarisions. Cette destruction du mal sera radicale. C'est la seule condition pour que l'homme puisse enfin accueillir la joie du salut. Le Seigneur annonce donc que les deux grands péchés de l'homme seront détruits : l'orgueil et l'idolatrie.
Le thème du Jour du Seigneur, qui apparaît dès le début du Livre (cf. la lectio de ce jour), est un bon exemple de cette invitation à la conversion. La venue du Seigneur sera un jour de joie pour celui qui met en Dieu son espérance. Il se réjouira de la Visite du Seigneur se faisant proche et apportant le Salut.
Ce jour ne sera un jour terrible que pour l'orgueil et l'idolatrie qui ne pourront plus tenir devant la manifestation de la présence du Seigneur (et pour ceux qui refuseraient jusqu'au bout de se désolidariser de ces fautes). Aussi, sommes-nous invités par le prophète à rompre avec ces péchés. L'orgueil qui prétend que nous pouvons nous passer de Dieu pour ne compter que sur nous-mêmes, qui insinue que le Seigneur ne pourrait "faire ni bien ni mal" (So 1,12) ; l'idolatrie qui nous fait nous tromper de Dieu et nous fait prendre pour des dieux ce qui n'en est pas. C'est bien cela qui est stigmatisé dans les premiers textes de Sophonie.
Accueillons donc cette Parole de Dieu telle qu'elle nous est donnée, acceptons en les exigences, ne soyons pas rebutés par la tonalité de ces textes, mais laissons-nous convertir par cette Parole. Comme nous le recommande l'Epître au Hébreux : "débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d'abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance" (He 12,1). Alors notre coeur laissera toute la place au désir de la Venue du Sauveur et pourra s'écrier avec les mots de la prière des premiers chrétiens "Marana tha", "Viens Seigneur Jésus !"
Sainte lectio divina à tous en ce Temps de l'Avent
Christophe de DREUILLE
Pour ceux qui nous rejoignent en ces jours-ci et qui voudraient entrer progressivement dans la démarche, et pour ceux qui voudraient vivre d'une manière particulière ce Temps de l'Avent, nous proposons un parcours alternatif de lectio divina pour les 3 premières semaines de l'Avent ; un parcours appuyé sur les textes reçus le dimanche. Vous en trouverez les fiches sur notre site.